Les banques confrontées à la guerre des talents dans le numérique

Les banques confrontées à
la guerre des talents dans le numérique

L'accélération de la digitalisation des services bancaires, conséquence de la crise, oblige les grands groupes à recruter davantage d'experts dans les nouvelles technologies. Mais la concurrence fait rage face aux géants de la tech et aux start-up notamment. Et oblige les banques à trouver de nouvelles solutions.

Le développement web en tête des domaines de compétences les plus recherchés en 2021 dans la Tech - Source Bluecoders
Le secteur bancaire a toujours été l'un des premiers employeurs pour les codeurs, développeurs et autres experts de l'informatique. (iStock)

<p>Le secteur bancaire a toujours été l'un des premiers employeurs pour les codeurs, développeurs et autres experts de l'informatique. (iStock)</p>

C'est l'une des conséquences de la digitalisation des services financiers, encore accélérée par la crise sanitaire. Pour poursuivre leur transformation numérique , les banques ont besoin de toujours plus de compétences et d'expertises dans le domaine de l'informatique et du logiciel. Elles doivent donc continuer à recruter pour tenir la cadence.

Problème : le marché devient de plus en plus tendu, car la concurrence fait rage et les bons profils ne sont plus aussi faciles à attirer. « C'est la course à l'équipement en ce moment, dans tous les secteurs. Avec le Covid, toutes les entreprises ont engagé une transformation digitale à marche forcée. Et elles ont besoin d'experts pour cela, et très vite », témoigne Sacha Kalusevic, directeur senior de Page Group.

Le secteur bancaire a toujours été l'un des premiers employeurs pour les codeurs, développeurs et autres experts de l'informatique. Mais la donne a changé ces dernières années. Avec la concurrence des géants de la tech, mais aussi des start-up qui fleurissent dans l'Hexagone, les géants bancaires ne font plus autant rêver.

Des besoins qui évoluent

« C'est devenu un vrai défi aujourd'hui pour les banques d'attirer les bonnes ressources, les bons profils dans le numérique », assure Christian Heinis, associé chez Roland Berger. « C'est plus compliqué en effet, reconnaît le dirigeant d'une grande banque française. D'une manière générale, la guerre des talents est un vrai enjeu pour les prochaines années. »

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La tâche est d'autant plus compliquée que les besoins évoluent. La crise et l'accélération de la transformation modifient les profils de poste recherchés : les spécialistes de la donnée, les experts de l'intelligence artificielle et les chefs de « projet Agile » font partie des nouvelles cibles des banques, aux côtés des habituels développeurs.

Mais il faut pouvoir séduire ces nouveaux experts, qui n'ont que l'embarras du choix. Facebook vient d'annoncer un plan de recrutement massif de 10.000 salariés en Europe dans les cinq ans à venir. « Les banques gardent une bonne image en termes d'innovation. Et elles ont les moyens de leurs ambitions, indique Sacha Kalusevic. Mais le revers de la médaille, c'est qu'elles sont vues comme très grosses et très bureaucratiques, avec le risque pour les candidats d'être ensuite enfermés dans un secteur. »

La mode du « reskilling »

Face aux difficultés de recrutement, les banques misent de plus en plus sur la reconversion de leurs propres salariés à de nouvelles tâches. Ce phénomène, aussi appelé « reskilling », est devenu courant dans les banques américaines, également confrontées ces dernières années à une forte concurrence dans le domaine.

Au cours des douze derniers mois, 80 % des recrutements réalisés dans la division informatique de Bank of America ont été faits en interne, avec des salariés aux compétences « réactualisées ». Soit deux fois plus qu'avant la pandémie.

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En France, les banques se convertissent aussi à la pratique. Société Générale a lancé l'an dernier des programmes de « reskilling », notamment pour répondre à « la nécessaire adaptation des compétences avec la transformation numérique post-crise ». « Il faut pouvoir anticiper la pénurie de ressources ; le reskilling est une solution », confirme Claire Calméjane, directrice de l'innovation au sein du groupe.

S'allier à un géant de l'informatique

Après une quarantaine de collaborateurs en 2020, le programme devrait en concerner 140 cette année, puis entre 150 et 200 en 2022. Au menu notamment : des formations de « data scientist », mais aussi sur d'autres thèmes porteurs comme les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG).

Autre stratégie : aller à la source et s'allier avec un géant de l'informatique, comme Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF), qui vient de renouveler son partenariat historique avec IBM. Les deux groupes ont notamment annoncé jeudi la création d'un « pôle de technologies et de compétences IBM à Strasbourg, dédié au Crédit Mutuel », et des coopérations avec l'enseignement supérieur.

Romain Gueugneau (avec Edouard Lederer)/les Echos 

Publié le 22 oct. 2021 

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